« Établissements ruraux et territoires antiques : actualité de la recherche »
Lyon; 2021-12-03
Dans ce troisième numéro, la revue a choisi de mettre en avant les actualités concernant les établissements ruraux et les territoires antiques. Ce numéro regroupe ainsi les communications présentées à l'occasion de journées d'études qui se sont tenues en 2020-2021 sur ces questions et réunies par Romain Guichon.
Les contributions réunies dans ce dossier exposent les résultats de plusieurs opérations archéologiques préventives et programmées présentées à l’occasion des journées 2020 et 2021 « Établissements ruraux et territoires antiques : actualités de la recherche », dans le cadre de l’UMR 5138-ArAr. Elles témoignent autant d’une proximité géographique (l’espace rhônalpin et ses marges) et chronologique (l’époque romaine au sens large) que d’une variété de sites et de contextes de recherche. L’ensemble des articles constitue un instantané des recherches sur le monde rural antique en Rhône-Alpes, dont le volume a tendance à s’accroître et les données restent relativement peu diffusées.
<div><p>L'établissement de Miollan à Pontcharra-sur-Turdine est un site laténien et antique occupé de La Tène D1 à la fin du Haut-Empire. Découvert au XIXe siècle, il a fait l'objet de recherches successives jusqu'à nos jours. Ce site est assimilé à la station routière ségusiave de Mediolanum sur la table de Peutinger et cette interprétation soulève de nombreux questionnements : si les fouilles archéologiques menées dans les années 1960-1970 puis les recherches et prospections réalisées en 2017-2018 ont permis de mieux appréhender la chronologie du site, elles n'ont pas été suffisantes pour interpréter sa nature et ses fonctions précises. Habitat groupé ou sanctuaire laténien ? Ferme gauloise à laquelle succède une villa gallo-romaine ? Agglomération secondaire antique ? Étape sur la voie Lyon/Roanne ou poste-frontière à la limite de deux cités ? De nouvelles pistes de recherche sont ici proposées, à la lumière des données archéologiques les plus récentes.</p></div>
Une fouille archéologique préventive a été réalisée en 2017 aux lieux-dits « Les Brosses » et « Les Croisettes » à Vaulx-Milieu en Isère. Implantée en bordure des marais de La Verpillière, cette opéra-tion a permis d’explorer une surface de plus de 2 ha apportant de précieuses informations quant à l’occupation rurale de ce territoire durant l’Antiquité. Les principaux résultats concernent les vestiges d’une petite exploitation rurale antique occupée entre le Ier et le IVe siècle après J.-C. Celle-ci est matérialisée par un vaste bâtiment maçonné aux fonctions multiples (habitat, stockage, forge) succé-dant à un premier établissement plus modeste. Parmi les activités recensées, une production de malt peut être envisagée grâce à l’étude carpologique. À cette occupation relativement longue et sans hia-tus notable sont associés deux pôles funéraires. Le premier, proche du bâtiment principal, est consa-cré à l’inhumation de périnataux tandis que le second, un peu plus éloigné, accueille des sépultures secondaires à crémations d’individus adultes.
L’existence du site de la Sarrazinière est suspectée depuis le XIXe siècle grâce à plusieurs découvertes fortuites dans le secteur. Le diagnostic réalisé en 2017 confirme la présence d’un établissement antique d’envergure pour lequel une opération d’archéologie préventive est logiquement menée. Celle-ci se déroule en 2019 sur une surface d’environ 1250 m², mettant au jour la pars urbana d’une villa romaine occupée entre la première moitié du Ier siècle et le IIIe siècle (Nouet 2020). Son extension se poursuit hors de l’emprise de fouille, la prescription étant plus ou moins localisée sur l’axe central du bâtiment. Le plan mis en évidence reflète une construction où la symétrie est reine. Il s’agit visiblement de l’extrémité occidentale de la villa où un large portique en arc-de-cercle sépare un jardin, ou une cour, des différentes pièces qui composent l’édifice.
Après plusieurs dizaines d’années dans l’oubli, de nouvelles recherches ont été lancées sur le site antique de Villards d’Héria (39). Les interventions géophysiques et géoradar complétées par des sondages archéologiques plus ou moins extensifs, ont permis de révéler la présence de nouveaux bâtiments au nord des bâtiments dits des « hospitalia ». Sur le site bas du Pont des Arches, une étude de bâti et deux sondages sont venus documenter les observations anciennes faites par L. Lerat. Cet ensemble architectural, inscrit dans un espace naturel remarquable, a révélé une complexité de transformations subies au cours du temps, plus particulièrement dans l’espace balnéaire. En parallèle, un bilan sanitaire des maçonneries, anciennement dégagées et restaurées, alertent sur les conditions de conservation du site.